Iraq - I haven't cried in ten years

I haven’t cried in ten years

Iraq, 2020-2021

 

"We used to have one Saddam, now we have thousands”. With a distant look and a soft voice, Mustafa tells me these words on a warm September evening in Baghdad. His words are reminiscent of those of so many Iraqis, who have lost all hope and purpose during the years of conflict and violence that still plague Iraq today.

Violence seems to have become a self-perpetuating social process in Iraq, as the country's history has been marked by a succession of traumatic events. Since the reign of the despot Saddam Hussein, during which it was elevated to the rank of a political virtue, the country seems to be immersed in a genuine ethos of violence that has left a vivid mark on the country's collective memory and still prevents any reconciliation and reconstruction.

For decades, the war has killed, mutilated, and grieved millions of Iraqis, affecting every aspect of their lives. Today, society finds itself brutalised by this permanent state of war that has lasted for 40 years.
For the younger generations, every in-between period has been one of deprivation, hyper-militarisation, and total loss of future prospects. The imaginary of death and suffering is omnipresent, amplified by the ambient martyrology of the Shiite religion, which places at the heart of its rituals the story of the violent death of Imam Hussein, whose blood soaked the soil of the holy city of Karbala.

And yet, the issue of trauma is a thorny one, with a particularly strong stigma towards anything to do with psychological problems. Mental health issues are seen as an anomaly, a weakness or the work of a 'jinn' that can only be cured by prayer or isolation. With only about twenty recognised psychologists in the whole country, how can the wounds of the past be properly healed ?

This project attempts to answer this question, suggesting different mechanisms that Iraqis turn to in order to ward off this veritable syllogism of trauma and despair. The revival of religion, art in all its forms, popular uprising with the 2019 revolution, but also the reiteration of violence, seem to be as many mechanisms that stem from this delicate relationship that Iraq has with its brutal past.

 

 

Je n'ai pas pleuré depuis dix ans

Irak, 2020-2021

"Avant, nous avions un Saddam, maintenant nous en avons des milliers". Avec un regard distant et une voix douce, Mustafa me dit ces mots par une chaude soirée de septembre à Bagdad. Ses paroles rappellent celles de tant d'Irakiens, qui ont perdu tout espoir et tout but au cours des années de conflit et de violence qui frappent encore l'Irak aujourd'hui.

La violence semble être devenue un processus social auto-entretenu en Irak, l'histoire du pays ayant été marquée par une succession d'événements traumatisants. Depuis le règne du despote Saddam Hussein, au cours duquel elle a été élevée au rang de vertu politique, le pays semble baigner dans un véritable éthos de la violence qui a laissé une trace vive dans la mémoire collective du pays et empêche encore toute réconciliation et reconstruction.

Pendant des décennies, la guerre a tué, mutilé et endeuillé des millions d'Irakiens, affectant tous les aspects de leur vie. Aujourd'hui, la société se trouve brutalisée par cet état de guerre permanent qui dure depuis 40 ans.
Pour les jeunes générations, chaque entre-deux a été synonyme de privations, d'hyper-militarisation et de perte totale de perspectives d'avenir. L'imaginaire de la mort et de la souffrance est omniprésent, amplifié par la martyrologie ambiante de la religion chiite, qui place au cœur de ses rituels le récit de la mort violente de l'imam Hussein, dont le sang a maculé le sol de la ville sainte de Karbala.

Pourtant, la question du traumatisme est épineuse, avec une stigmatisation particulièrement forte de tout ce qui touche aux problèmes psychologiques. Les problèmes de santé mentale sont considérés comme une anomalie, une faiblesse ou l'œuvre d'un "djinn" qui ne peut être guéri que par la prière ou l'isolement. Avec seulement une vingtaine de psychologues reconnus dans tout le pays, comment les blessures du passé peuvent-elles être guéries ?

Ce projet tente de répondre à cette question, en suggérant différents mécanismes auxquels les Irakiens ont recours pour conjurer ce véritable syllogisme du traumatisme et du désespoir. Le renouveau de la religion, l'art sous toutes ses formes, le soulèvement populaire avec la révolution de 2019, mais aussi la réitération de la violence, semblent être autant de mécanismes qui découlent de cette relation délicate que l'Irak entretient avec son passé brutal.

 

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