Il hurlait encore
“Il hurlait encore” interroge la répétitivité quasi mécanique des conflits, ainsi que la consommation et l'assimilation par le public de l'imagerie qui en découle.
Fruit d’un travail de curation et de réinterprétation de mes propres photographies prises précédemment dans un contexte de travail journalistique en zones de conflit (Irak, Syrie, Ukraine..), ce projet se penche sur la nature répétitive de la représentation des images dîtes « de guerre ».
La violence est-elle non seulement systématique, mais aussi systémique dans son apparence ?
Ces images diffusées massivement, sont répétées dans les médias et semblent banalisées. D'un territoire à l'autre, d'une décennie à l'autre, le même système iconographique semble se mettre en place, jusqu'à ne plus former qu'un exponentiel bavardage confus dans lequel plane une symbolique martiale sans plus de sens. La rapidité de la diffusion et son immatérialité ne font qu’amplifier la viduité de ces images trop facilement assimilées par un public alors comme devenu sourd.
En copiant, déformant, reproduisant de façon quasi mécanique ces photographies à l’aide d’outils de reproductibilité tels que la photogravure ou la photocopie, de nouvelles images sont ainsi créées. Elles viennent alors brouiller la frontière entre chaque conflit représenté, et ce résultat de processus hybrides donne lieu à une nouvelle iconographie partagée.
La dégradation des images sous le coup de procédés répétitifs laisse place à des déformations parasites, ultime bruit blanc s’ajoutant au bavardage initial.
Le travail de materialité redonne corps aux photographies, les faisant muter d’images de presse, digitales et immatérielles, à objets pérennes de réflexion sur le réel et sur leur propre vacarme.
Jusqu'à que, de toutes ces images, ne reste alors plus qu’un seul et même long cri reliant ces différents artefacts visuels de la violence moderne.