Ukraine / Forgotten displaced

Refugees at the EU border

 

The number of Ukranian refugees is close to 2 million. Some of them have moved towards Russia, others went to the western parts of the country. They have entered into refugee camps, moved in with their families, or sometimes they have just run as far away as possible, leaving everything behind. Their stories are different but they all have a common denominator. The precariousness of being in exile and, for a number of them, the trauma of knowing that their relatives are still in the war zone. Often, men have chosen to stay so that they don't have to give up their jobs. They wish to maintain a decent living standard for their families, regardless of the risk. Many of the elderly have also been obliged to stay. Some of the refugees have been persecuted by the separatists before they had left, others had to leave the parts of the country that have become too dangerous to live in. The families tell us about their fear, about precariousness, about having to live in an unknown region. An iniquitous double punishment: they have fled the separatists, but are often seen as intruders, potentially dangerous ones. We are 1500 km away from Donetsk, in the very West of the country, in a hotel that has been forced to accept the refugees by national authorities. A hotel that requires that they pay an amount of 80 euros rent per month, in a country where the minimum wages are the equivalent of 38 euros. The first 6 months have been paid by the state, but most of the families have been living there for more than a year… A charity has managed to obtain one of the hotel rooms and transformed it into a kitchen with laundry facilities. Around thirty families living on the 10th and the 11th floor survive here. Two children have been born in these conditions. Two women have fled the war pregnant, one of them leaving her husband in the war zone. These children might never know or see their fathers. Anatolik, Serioja, Sasha, Misha… are  being witnessed growing up through Skype. For them, the community life that characterizes their stay at the hotel almost feels like a “summer camp” in a Soviet context. At least it is something positive. Nevertheless, it is hard to carry on, when a family of six have to live in a 15 m2 room. Most of them have chosen to come to this region since it is more developed than other parts, and is far away from the conflict. Out of all the families that we have met, only a few think about moving to Europe, but they all know that it is impossible to cross the EU border. And returning back is not an option either. In this hotel, they remain trapped in a world that has shrunk suddenly.  

 

Text: Sara Cincurova

 

Ukraine : Réfugiés oubliés aux portes de l'Europe.

 

Le nombre de déplacés en Ukraine approche les 2 millions. Ils sont partis soit vers la Russie, soit dans le reste du pays. Ils ont rejoint des campements, se sont installés chez des proches ou sont juste partis loin de tout. Les histoires divergent mais ont un socle commun. La précarité de l'exode et pour beaucoup la difficulté de savoir des proches toujours sur place. Bien souvent les hommes ont fait le choix de rester travailler et tenter de subvenir aux besoins de la famille malgré les risques encourus. Beaucoup de personnes âgées aussi n'ont pu se résoudre à quitter leur maison de famille. Skype est omniprésent. Certains ont été persécutés par les séparatistes avant de partir, d'autres ont quitté les régions dangereuses dès le début de la guerre. Les familles nous parlent de la peur, de la précarité de se retrouver dans une région inconnue. Double peine : ils ont fuit les séparatistes et sont ici souvent perçus comme des intrus... potentiellement dangereux. Nous sommes à 1500 kilomètres de Donesk, le plus à l'ouest possible, à quelques pas de la frontière slovaque côté ukrainien. Nous sommes dans un hôtel auquel le gouvernement a imposé ces réfugiés. Un hôtel qui les fait tout de même payer l'équivalent de 80 euros dans un pays où le salaire minimum est de 38 euros. Les six premiers mois sont pris en charge par l'état mais la plupart des familles y vivent depuis un an. Une association a réussi dernièrement à négocier une pièce à leur étage pour y installer cuisine et machines à laver. La trentaine de familles répartie aux niveaux 10 et 11 survit. Une transition qui dure. Deux enfants sont déjà nés dans ces conditions. Deux femmes parties enceintes sur les routes, pour l'une d'elle en laissant le mari sur place. Des enfants qui risquent de ne pas connaître ou de ne plus voir leur père : Anatolik, Serioja, Sacha, Micha... continuent de grandir à travers skype. Pour eux, une vie communautaire s'est installée dans l'hôtel, ça pourrait presque ressembler à un « summer camp » dans un cadre soviétique. C'est déjà ça. Mais voilà, c'est dur de joindre les deux bouts, même à six dans une chambre de 15 mètres carrés. La plupart sont venus dans cette région car elle est plus développée que le reste du pays et se trouve le plus loin possible des affrontements. De ceux que nous avons rencontrés, seuls quelques-uns pensent à l'Europe mais tous savent que de toute façon c'est impossible de passer les frontières. Repartir en arrière ne ressemble pas non plus à une perspective viable. Dans cet hôtel ils semblent coincés dans un monde qui subitement se serait rétréci.

 

Texte: Sara Cincurova

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