Portraits inquiets
Puisqu'il faut bien commencer quelque part, on peut dire que cette série de portrait est inspirée par une certaine tradition picturale, par cette période de l'Histoire de la peinture qui commence au XIXème siècle et n'en finit pas de finir, où les façons de représenter le réel sont questionées, où la figuration est peu à peu remise en cause, où la peinture s'émancipe de son sujet. Evidement ce n'est pas de peinture ici qu'il s'agit mais bien de photographie, et s'il y'a une chose que j'ai voulu éviter c'est de faire de la peinture avec un appareil photo et photoshop.
On peut considérer que la photographie ment autant qu'elle dit la vérité, qu'elle enlève au réel au moins autant qu'elle n'en garde. Et en même temps en acceptant qu'elle ment, on gagne aussi la liberté de jouer avec. De recadrer de superposer les images, d'inverser les couleurs, d'effacer ce qu'on veut, d'ajouter ce qu'on veut; d'inventer de nouvelles formes de joie.
Dans cette série de portraits, qui sont tous des gens que je connais assez bien, j'ai voulu saisir un moment de vérité (un moment pas forcément un instant) de ces personnes. Et ce faisant donner libre cours à mes humeurs et mes inspirations, faire en sorte que ces portraits tombent plus ou moins à distance égale entre moi et eux, chacun tirant la corde vers soi, et que la corde reste tendue.