Liban
“On a pas d'autre choix que de regarder de loin ce qui se passe. On a pas d'espoir," m’a dit un déplacé, sur la corniche de Beyrouth, d’où on pouvait voir son quartier en feu. Au courant de la nuit du 27 au 28 septembre 2024, Dahiye était pillonné par l’armée israélienne. Les bombardements ont, ce jour-là, tué Hassan Nasrallah, chef du mouvement chiite libanais Hezbollah.
Depuis le 8 octobre, le “Parti de Dieu” était entré en guerre sur la frontière sud du Liban, commune avec Israël, pour manifester son soutien à la libération de la Palestine. Mais l’animosité entre le parti chiite et Tsahal, l’armée israélienne a des racines beaucoup plus lointaines : le Hezbollah a été créé en réponse à une invasion israélienne du territoire libanais en 1982.
Quelques jours avant la mort de Nasrallah, chef du Hezbollah, je suis allée au Liban pour le journal Le Monde. Dans ce pays que je connais bien, traversé déjà par plusieurs guerres et une crise économique, la guerre se déplaçait vers le Nord. La capitale, Beyrouth, a été touchée en plein coeur. Avec la double attaque de bipers et les bombardements quotidiens, les moyens employés par l’armée israélienne pour éliminer ses ennemis en territoire libanais ont impliqué et affecté de manière profonde les civils libanais.
En date du 30 septembre, ils étaient plus d’un million de libanais à avoir fui leur foyer pour se mettre en sécurité. Soit un cinquième de la population du pays. Les déplacés étaient relogés dans des centres gérés par des partis politiques (Hezbollah, Amal), ou entassés dans des appartements loués à des prix faramineux. Certains, souvent les réfugiés syriens ou palestiniens vivant au Liban, n’avaient pu trouver de toit, même précaire, et dormaient à la belle étoile.
Selon les chiffres de l’UNICEF, 3 961 personnes auraient été tuées et 16 520 ont été blessées au Liban depuis octobre 2023. C’est pendant les quelques semaines de mon reportage, après la mi-septembre, que 75% des décès ont eu lieu.
En trois semaines sur place, il m’est interdit de penser que j’ai pu montrer la guerre de manière exhaustive. Mais j’espère que ce projet donne une idée sensible de l’impact que la guerre a sur les populations civiles. D’un déplacement à un deuil, des couloirs d’hôpitaux en tension aux rues détruites de Dahiye, mes images ont pour but d’humaniser les premières victimes de la guerre : les civils.