Lebanon / Beirut 75-15

Beirut is layered, saturated. It is a desperate syncretism, at once beautiful and monstrous. I have rarely seen a city strike so violently its inhabitants. The war is still so close, though a thick layer of dust has covered everything, like a veil shielding innocence. The Lebanese love and hate their country. They agonize, believing that everything will always be lost. Yet they remain euphoric. They have no choice. A carefree attitude made compulsory by their ever probable future death. Lebanon is a land too loved. Loved by enemy factions who unleash their hate upon one another, spilling blood, but not yet ready to sacrifice everything in a new war. So this almost nothing, this slender thread, resisting the swirling winds, weaves a prison around them. A golden, fractured cage full of money and women. The darkness that I see is not that of the abyss. It is as deep as the light is near.

 

Beirut 75-15 is composed of three years of photographs taken whilst I wander in the city, juxtaposed with archive images found in the rubble of an old luxury hotel in the city center. Via a process of superposition, the archive pictures, taken prior to the civil war, and which depict the innocence of those times, are contemporised via my images of what remains in the dilapidated rooms of the hotel and on the walls of the city today. The past and the present become entangled, like the shared memory embedded in every Lebanese mind.

 

 

Beyrouth est stratifiée, saturée. Elle vit un syncrétisme désespéré qui la rend belle et monstrueuse. J’ai rarement vu une terre heurter autant ses habitants. La guerre passée est encore si proche. On y parle toujours d’une construction permanente, de ses fêtes, de la vie qui aurait su garder ses droits. J’y vois pourtant une poussière épaisse qui s’est immiscée partout, déposée là comme un voile sur l’innocence. Les libanais aiment et détestent leur pays. Ils s’angoissent, pensent que tout peut se perdre toujours. Alors ils jouissent. Il n’y a pas d’autre choix. Et ce presque rien, ce fil ténu, résiste aux vents, les sauve en tissant leur prison. Une cage dorée pleine d’argent et de femmes. Fissurée. Le Liban fait partie de ces terres trop aimées. Aimées par des parties ennemies qui ont pratiqué la haine de l’autre jusqu’au sang mais pour le moment pas prêtes à tout perde. La noirceur qui j’y vois n’est pas celle des abysses, elle est aussi profonde que la lumière est proche. Le Liban ressemble à la vie: le deuil, la tragédie sont immanents à sa beauté.

 

Beyrouth 75-15 est composé de trois ans d'errances photographiques et d'images d'archives retrouvées dans les décombres d'un ancien hôtel de luxe du centre ville. Images antérieures à la guerre civile, danse et innocence d'avant l'histoire que je mixe avec les traces restées dans les chambres de l'hotel délabré et sur les murs de la ville aujourd'hui. J'y mêle paysages et instants de vie. Il s'agit d'évoquer l'intrication du passé et du présent. La mémoire d'une histoire commune enfouie en chaque libanais. Ou comment, en marge de notre nature, se terre l'obscure destin d'un peuple. 

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